Lorsque vous prenez un tant soit peu le temps d’observer la société martiniquaise, la place donnée à la religion vous saute immédiatement aux yeux. Dieu est partout en étant nulle part et tout le monde lui confie déboires et espoirs.
Nous savons tous que la religion est une martingale utilisée par les dominants qui sert exclusivement à adoucir la majorité des dominés. Mais à la Martinique , vous serez très surpris de voir que ces mêmes dominants ( les békés) sont tout aussi sous l’emprise de la religion, mais pas pour les mêmes raisons.
Si la majorité des afro-descendants pratiquent assidument un chapelet ( sans jeu de mots) de religions, la communauté dominante, celle des békés ne pratique que la religion catholique. Mais cette différence fondamentale qui réside dans cette pratique, relève de bien autre chose.
La quasi totalité des adeptes d’origine africaine pratique la religion dans une forme d’aliénation, voir de soumission. Les békés eux font tout le contraire et la religion leur sert de base d’unité et surtout de domination. Ils ne sont d’ailleurs pas dupes et savent ce qu’ils doivent à la religion catholique qui les a beaucoup servi dans leur position hégémonique.
C’est cette religion qui leurs avait donné quitus pour pratiquer l’esclavage en toute bonne conscience ,en cautionnant le crime dans ses ouvrages de référence. N’y trouve t-on pas dans l’une des pages de la bible (en tout cas celle écrite pas leurs amis ) , que l’esclave doit obéir au maître sans aucune concession . ( Epitre aux Ephésiens)
Ce qui explique que les ascendants des békés (esclavagistes) interdisaient le savoir aux esclaves, mais au contraire ,faisaient en sorte qu’ils soient instruits, mais uniquement par des versets venant de cette ouvrage. Un recueil de guerre et de soumission, cela dépend pour qui , et la façon de l’interpréter . Les békés sont des fervents pratiquants de la religion catholique qui leurs sert de ciment dans leur hégémonie. On arrive même à s’étonner de l’acuité de leur pratique et le nombre des adeptes qui se repaissent dans cette doctrine, c’est quasiment du cent pour cent.
Cependant et encore une fois, et sous la sagacité de l’observation, vous allez remarquer que lorsqu’ils se rendant dans leurs lieux de culte, (les églises catholiques), ils ne se mélangent pas aux afro-descendants.. L’église catholique, le conçoit d’ailleurs assez bien et trouve normal de célébrer baptêmes, mariages et enterrements des békés dans un apartheid consenti..
Le béké se sert de la religion comme moyen d’élévation, tout au contraire du reste de la population et c’est pour cette raison que le jour de l’assomption le 15 aout, vous assisterez à un très grand rassemblement des békés, pour célébrer non pas un quelconque dieu, mais pour se congratuler sans aucun doute dans la réussite de leurs affaires de l’année.
Naturellement, les antillais d’origine africaine sont totalement exclus et pour une fois, les békés consentent à pratiquer quelques activités domestiques sans leur concours . Comme servir les repas, s’occuper de leurs rejetons, ou encore, faire le ménage sur leur bateau eux mêmes.
Car c’est aussi le jour où ils sortent leurs grosses embarcations, pour être en mer en toute discrétion. Cela se passe généralement dans la baie de la commune du François ou du Robert à proximité d’îlets qu’ils occupent depuis plusieurs siècles sans que leurs titres de propriétés soient bien clairs.
A contrario, les martiniquais qui pratiquent une myriade de religions qui vont de la principale, la religion catholique et ses nombreux dérivés américains, ne se servent jamais de ces doctrines comme outil d’élévation, mais au contraire comme levier principale d’asservissement et de soumission .
Contrairement aux dominateurs, ils croient tous, qu’ils iront au paradis, s’ils se soumettent bien aux principes avilissants de ces officines. Ce qui, il faut l’avouer, n’est pas pour déranger les békés , qui pour l’occasion se félicitent de leurs assiduités dans les offices , tout en ayant un sourire satisfait et moqueur.
Bien entendu, la béakaille ne croit pas au paradis, mais se satisfait que les nègres y croient. Et d’ailleurs les afro-descendants, ne se posent même pas la question de savoir pourquoi les békés leurs concéderaient un paradis si bon , avec un grand dieu blanc et la douceur de vivre, alors qu’en général , ils (ces békés) ne partagent rien, avec eux en tout cas .
Ils ne s’aperçoivent pas que cette magie intellectuelle sert encore celui qui a mis tout en œuvre pour la leurs faire croire, afin d’éviter toute concurrence économique . D’ailleurs à ce sujet, des phrases fortes et ciblées, les confortent dans ces espoirs schizophréniques.. –
—– A quoi sert-il d’avoir toutes les richesses, si vous n’avez pas le royaume de dieu–
Avec cette grosse ficelle autour du cou, ils se complaisent d’ailleurs de ce privilège en disant que pour une fois, ils seront les premiers ..Cependant le béké lui même sait que le royaume de dieu appartiendrait aux naïfs, ce pourquoi, il le leurs concède volontiers..
Tout cela démontre à quel point la Martinique est sous l’emprise des religions, qui ,soit enferment leurs adeptes dans l’asservissement, ( les afro-descendants) soit au contraire ( la catholique uniquement) conforte la minorité béké dans une domination culturelle et économique qui n’a que trop durée.
Markus Delgrès..;
