La tradition désigne la transmission continue d’un contenu culturel à travers l’histoire depuis un évènement fondateur ou un passé immémorial ….Cet héritage immatériel peut constituer le vecteur d’identité d’une communauté humaine, élément pouvant contribuer à son ethnogenèse .C’est donc l’âme des peuples d’où l’importance de les préserver.
Le contraire relève du même levier d’aliénation qui consiste à nier jusqu’à son identité .Or que voyons nous ? Oublions les pays des autres et concentrons nous sur nos terres d’origine d’où résident nos âmes .Pour faire court, je vais me concentrer sur le culinaire, car le propos serait beaucoup trop long, et comme vous le savez ,j’ai le soucis du détail, ce qui m’oblige souvent à solliciter votre sagacité durant de longs moments .( Enfin pour certains ,voir très peu) Puisque la période semble l’exiger,( on se demande bien pourquoi), prenons les fêtes de paques et vous savez ce que j’en pense. En Martinique et en Guadeloupe, nous mangeons le crabe pour ces fêtes imposées parfois de manière brutale..
C’est devenu une tradition, mais d’où vient -elle ? Beaucoup le savent, mais je vais le rappeler. Paques, ( de l’hébreu Passa’h) cela ne vous à pas échappé, est une fête non pas du christianisme, mais de la religion catholique. Cette doctrine criminelle à qui nous devons la justification de l’esclavage de nos ancêtres. C’est un méli mélo qui vient à la base d’une fête juive qui célèbre la fuite d’Egypte et le passage de la mer rouge .
Aucune preuve quant à la véracité des faits, mais ils existent bien dans la tête des gens se disant chrétiens et juifs depuis des siècles .Les esclavagistes, catholiques naturellement avaient pour habitude de la fêter en mettant l’agneau pascal sur leurs tables. Nos ancêtres bien évidement n’avaient ni les moyens ni le loisir de s’adonner à la consommation de l’agneau et s’était rabattus sur le crabe de terre qui leurs étaient volontiers concédé…
Notez que les békés de l’époque consentaient aussi à leurs céder les abats, ce qui explique encore aujourd’hui notre attirance pour cette partie de la bête.. Le Matoutou de crabe voyait le jour et ma foi reste encore très encré dans nos esprits. Or que commençons nous à voir..? L’embourgeoisement de quelques uns des nôtres, les poussent à s’écarter de cette tradition qu’ils commencent eux aussi à assimiler à la « pauvreté ».
Ils la concèdent donc au peuple, et se mettent eux aussi à consommer l’agneau du « maître » et à prétendre que cela relèverait désormais de la tradition… .De laquelle ? Le levier bascule tout doucement et c’est comme cela que la coutume se meurt. Certains ont décidé de se laisser piéger par la grande distribution, faisant fi de leurs habitudes culinaires en adoptant celle des autres ,ce qui là aussi relève d’une aliénation destructrice.
Cette lame de fond n’est pas nouvelle ,puisque cela avait déjà commencé par les fêtes de noël (même origine) ou a vu des huitres, du mauvais foie gras remplacer notre traditionnel cochon ou tout serait bon. Oublié aussi notre punch coco maison (le vrai) nos chrumbs, pour nous imposer parfois du mauvais champagne bourré de sucre et des vins de fond de cuve sous des faux titres de baron, mais vendus à prix d’or.
Si nous prenons un tant soit peu le temps de la réflexion, nous pourrions faire d’une pierre deux coup et pour faire mentir l’adage, en rajoutant un troisième …Revenir à nos traditions qui sont le reflet et le ciment de nos âmes. Reprendre une nourriture plus saine qui conduirait vers notre indépendance alimentaire. Et enfin le troisième, porter un sérieux coup à la grande distribution tenue par ceux là mêmes qui veulent nous faire oublier le crabe, le cochon qu’ils nous avaient autrefois concédé, pour manger un mauvais agneau venant de Nouvelle Zélande et qu’ils naturalisent avant de le mettre sur leurs étales à notre attention …
Markus Delgrès