En France ou le poids des mots est aussi fort que le choc des photos, il est de coutume de créer des termes, voir des néologismes et de s’écarter aussitôt de la sémantique. Ou alors tout simplement s’appuyer sur des devises inapplicables.
Nous allons commencer par considérer la première, le socle de la république ,Liberté, égalité, fraternité, tout cela agrémenté de la sacro-saint laïcité..
Mais on peut aller encore plus loin, tant l’influence française a été déterminante dans le fondement des dites démocraties occidentales avec ce principe universel des droits de l’homme.
Etant donné que la France est aussi le pays de l’analyse, eu égards à la multiplication d’essayistes et d’éditorialistes, il serait de bon ton d’analyser quatre de ces principes, cités dans la genèse de cette analyse .
Commençons par le principe de liberté...
Avant toute chose, on peut remarquer que les révolutionnaires de l’époque, sans doute portés par l’euphorie du moment et bien pressés de d’occuper une place du pouvoir laissée vacante, avaient fait preuve d’une certaine légèreté politique en inscrivant ce mot en préambule de la devise républicaine .
Certes, la liberté n’est pas un vain mot dans ce pays, le contester serait faire preuve de mauvaise foi.
Mais on peut constater qu’au file des siècles, elle n’a cessé de s’amoindrir , pour s’écarter de l’inspiration originelle des républicains.
Si vous jetez votre dévolu sur toutes les lois et règlements votés depuis la révolution et jusqu’à maintenant, vous allez vite constater que la liberté telle qu’elle avait été conçue au départ, par les juristes révolutionnaires n’a jamais cessé de fondre comme neige au soleil . On pourrait même se poser la question, sur la portion qui nous resterait de liberté.
Tant et si bien que les Robespierre ,et autres passeraient aujourd’hui pour des anarchistes s’ils persistaient dans les principes de liberté tels qu’ils les avaient conçu au début. .
D’ailleurs, quelque soit le pays, la constitution, peut-on dire que la liberté soit un droit justement réparti?
Ce qui nous conduit tout droit vers le deuxième levier républicain, l’égalité..
Un concept utopique …..
On peut admettre sans crainte de contradiction que la liberté est une utopie. Certes ,une utopie du jour, a toujours pour principe de devenir une vérité du lendemain.
Mais dans bien des cas, et notamment celui là, on peut constater que ce demain est sans cesse repoussé aux calendes grecques, voir qu’il n’arrivera jamais …
Qu’est ce qui a bien pu pousser les révolutionnaires à croire que l’égalité pouvait se concevoir pour des humains ,alors que la nature et les éléments ne l’ont pas prévu pour la faune la flore et la flore.
Il suffit juste de se remémorer ,une petite maxime de l’humoriste Coluche pour comprendre le sens de cette douce utopie..
Que disait-il ?
« Nous sommes tous égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que d’autres »
Cette pointe d’humour résume à elle seule, tout le coté fantasmagorique du principe ..
On pourrait même à la longue, lui substituer le principe d’inégalité qui semblerait plus naturel et plus logique. Sans pour autant sacraliser la supériorité des uns par rapport aux autres .
Ce qui nous conduit encore une fois et tout naturellement vers le troisième principe de la devise républicaine, la fraternité.
Une pensée humaniste, fondée sur des attentes .. .
Autant le dire tout de suite et dans le contexte révolutionnaire cela semblait bien logique.
la fraternité est bien une invention humaine, alors que la solidarité beaucoup plus applicable en l’état, est une vertu universelle.
Lorsque l’on constate que le principe d’égalité est inapplicable, comme peut-on imaginer un seul instant que des gens qui font partie de classes sociales inégales ,pourraient êtres fraternels entre eux.
Ce n’est donc pas possible, et notamment en France ou l’entre soit est érigé en mode de fonctionnement.
On ne fraternise jamais avec des citoyens de classes différentes. .
En revanche, lorsque les rares occasions le permettent ,on peut faire preuve de solidarité, pour le bien commun de la société, mais cela relève de l’exception .
C’est d’ailleurs ce que les Etat demandent aux différents citoyens lorsque les difficultés budgétaires les obligent à prendre cette voie…
Il y aura toujours de la solidarité, même forcée ou incitée, mais jamais de fraternité qui reste réservée à un certains nombre de gens faisant partie d’un même groupe ou d’une même association.. N’est pas un principe essentiel de la Franc maçonnerie. C’est bien pour cela que ses membres s’interpellent en qualité de frère.
Mais le prélude de cette étude ne saurait se concevoir sans évoquer le principe de laïcité qui certes n’existe pas dans la devise républicaine inscrite sur les frontons des mairies , mais pour le moins ,aurait une importance fondamentale dans la société française.
L’accomplissement de l’émancipation .
D’ailleurs elle est arrivée bien plus tard et on se demande bien pourquoi les révolutionnaires ne l’ont pas consacré, alors qu’ils connaissaient la proximité de l’église avec la monarchie.
Une anomalie sans doute que le législateur s’est empressé d’éradiquer en 1905,sans doute parce ce le poids de l’église devenait de plus en plus embarrassant.
Mais vous allez voir que comme pour les devises républicaines ,la laïcité est encore un joli mot qui s’écarte bien de sa porté et de son sens ..
D’abord, elle est comme bien des choses dans ce pays, basée sur des contradictions.
la France est un pays laïque mais il n’est pas rare de voir ses présidents de la république se faire quasiment « bénir » par le pape lors de leur visite au Vatican.. Certains n’hésitant pas à communier dans le cadre de leurs fonctions
Cette ambiguïté demeure depuis toujours et d’ailleurs on se demande pourquoi le cas de la région Alsace Lorraine qui échappe à la laïcité, se soustrait presque naturellement, et encore, à la sagacité du législateur .
Serait-il de bon ton de laisser une petite part à l’église dans un pays se disant laïque? .Un pays d’ailleurs dénommé fille ainée de l’église. Une autre utopie sans aucun doute, si on tient compte de l’implication de l’état dans l’incendie de notre Dame de Paris …
On peut aussi s’étonner que dans bien des cas l’état s’occupe des affaires de l’église sans que le contraire soit vrai.
A ce sujet et à contrario on peut s’étonner de la place essentielle que prend l’église et les différentes religions dans les sociétés dites outre mer, alors qu’elles sont par statut ,des départements français soumis de facto à la laïcité…………………..
Il n’est pas rare de voir les différentes religions occuper une place importante dans les médias, en faisant des appels à la prière, ou alors invitant à la participation dans différentes réunions et manifestations .
On peut également les voir ouvertement solliciter la population afin d’obtenir son adhésion financière.
On peut enfin constater qu’un évêque de Martinique répondant au titre de monseigneur, ( Macaire pour ne pas le citer) se mêle vertement de politique, foulant au passage le principe même de laïcité.
Dans ce pays ou la sémantique est régulièrement bafouée, on peut se demander à quoi cela sert-il d’ériger des lois, d’inventer des mots et des néologismes ,en s’écartant aussitôt de leur fondement.
On peut également se poser la question sur l’intérêt et la fièreté d’avoir une académie peuplée d’immortels ,alors que le sens des mots est souvent sujet à interprétation…
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Markus Delgrès ..