Connaissez-vous la Place de la Victoire ? Savez-vous ce qu’elle représente, et surtout, connaissez-vous son histoire ? Il existe une Place de la Victoire à Bordeaux, à Tour, en Guadeloupe, mais aussi, à Clermont-Ferrand. En cette période de commémoration, nous nous sommes intéressés à l’origine de la Place de la Victoire qui se trouve en Guadeloupe, plus précisément à Pointe à Pitre.
Il existe en Guadeloupe une place dénommée la Place de la Victoire, que, tous les guadeloupéens, même ceux qui ne s’y rendent pas souvent, savent que c’est la place principale de l’île, et qu’elle se trouve à Pointe à Pitre, le sous-chef lieu. Pour les autres, ceux qui connaissent moins la Guadeloupe, nous dirons, pour être plus précis, que la Place de la Victoire se trouve à proximité de la rue Frébault, la rue la plus connue, et la plus commerçante, de Pointe à Pitre. Elle se trouve, également, en face de la darse, et à côté du cinéma Renaissance. La Place de la Victoire vous accueille, en vous souhaitant la bienvenue, lorsque vous arrivez à Pointe à Pitre par la mer.
Alors, pourquoi ce lieu s’appelle la Place de la Victoire ? Le nom est évocateur, et logiquement nous pensons à une bataille victorieuse, qui a marqué l’histoire. Oui, mais, laquelle ? Est-ce un évènement historique lié à la Grande Guerre de 39-45, qui a marqué l’histoire ? Ou, est-ce un évènement, plus ancien, qui est ancré dans les mémoires ?
De la Grande Place à la Place de la Victoire
Si l’endroit est connu, aujourd’hui, sous le nom la Place de la Victoire, il a connu, avant cela, d’autres appellations.
La Place de la Victoire, qui est la plus ancienne place de la Guadeloupe, a été tracé au moment des fondations de la ville, par le gouverneur Bourlamaque, en 1764. A l’origine, elle fut dénommée la Grande Place, puis la Place Sartine, du nom de l’ancien ministre de la Marine et des Colonies, de Louis XVI, Antoine de Sartine. C’est en 1794, qu’elle est renommée la Place de la Victoire.
L’attribution du nom la Place de la Victoire marque un épisode, majeur, de la Révolution la victoire de Victor Hugues, gouverneur de l’époque, sur les Anglais, qui voulaient s’approprier l’île. A la suite de cette victoire, le conventionnel apporta, avec lui, le décret d’abolition de l’esclavage, et une guillotine fut installée sur la place. Dans le même temps, de l’autre côté de l’océan Atlantique, à Paris, plus exactement, les sans culottes l’emportent face aux aristocrates. Dès lors, les très nombreux individus réduits esclavage, sont devenus des citoyens à part entière, en étant des hommes, et des femmes libres.
La Place de la Victoire, ou la Place des Héros ?
D’autres évènements ont, depuis, marqué de leurs empreintes, la Place de la Victoire, mais, le plus mémorable est, sans aucun doute, celui survenu en 1802.
C’est, en effet, en 1802, le 10 mai, précisément, que Louis Delgrès, colonel d’infanterie des forces armées de la Basse Terre, abolitionniste, Solitude, mais, aussi, Joseph Ignace, figures historiques de la résistance des esclaves noirs de la Guadeloupe, ont pris les armes pour s’opposer au rétablissement de l’esclavage par Richepance, l’exécutant de la décision de Napoléon Bonaparte.
La révolte n’a pas eu le succès escompté, les résistants ont, finalement, été vaincu. Solitude, qui était enceinte, a été pendu après son accouchement. Louis Delgrès, Joseph Ignace, ont préféré se suicider avec leurs compagnons, après s’être réfugiés à Matouba. « Vivre ou mourir », comme le dit la devise révolutionnaire. En hommage à leur combat, et en souvenir de leur mémoire, nous pourrions, pourquoi pas, renommer la place, la Place des Héros ? De sorte de ne plus honorer la victoire d’un gouverneur, mais, la lutte de nos ancêtres.
Olivier Lowijinal’ Bique