La colonisation vu par Fillon
Il y’a un peu moins de 5 ans, le dimanche 28 août 2016, plus exactement, François Fillon, premier ministre du gouvernement Sarkozy, qui était en déplacement à Sablé-sur-Sarthe, dans son département d’origine, a tenu un discours, devant un auditoire acquis à sa cause, dans lequel il fustigeait les enseignements scolaires qui apprennent à avoir honte de la France.
Qu’est-ce que la colonisation ?
En effet, pour lui, son pays n’a pas à s’excuser de son histoire, car il n’est pas coupable. De ce discours nauséabond, on retient, surtout, cette « petite » phrase : « la colonisation a été un partage de culture » …

Tout d’abord, qu’est ce qu’un partage ? Un partage est un échange entre deux, ou, plusieurs individus, dans lequel aucun n’est soumis à une quelconque forme de pression, de menace, et encore moins de violence. Chacune des deux parties est, donc, tout fait libre d’accepter, ou de refuser, la transaction.
Qu’en est-il, maintenant, de la colonisation ? La colonisation est une occupation, une exploitation, une mise en tutelle d’un territoire sous-développé et sous peuplé par les ressortissants d’une métropole. (Source : www.cnrtl.fr) c’est la définition d’un média occidental, pour un « crime » occidental, qui se focalise sur les terres, en ignorant l’humain. Exit le fait que plusieurs milliers d’hommes, et de femmes, aient été privé de force de leur culture, et de leur identité. Exit les expéditions punitives sanglantes organisées par le haut-commissaire français Pierre Mesmer, au Cameroun, le 13 septembre 1958, qui ont conduit à l’assassinat de nombreux leaders de l’UPC (Union des Populations de Cameroun), et de son fondateur, Ruben Um Nyobé. Exit, également, les victimes massacrées par l’armée française en Algérie. 2 000 à Skikda, près de 800 à El-Harrouch, 60 à El Khroub, alors que les archives des autorités françaises mentionnent 1 273 morts…
Fillon le révisionniste

Il est évident que si monsieur Fillon a volontairement utilisé le mot « partage », c’est pour, sournoisement, nier les crimes coloniaux, et contredire par la même occasion le candidat Macron, qui lors de son déplacement en Algérie, avait dit que la colonisation est un crime contre l’humanité.
C’est, aussi, une façon de tenter de nier l’humanité des peuples colonisés, en leur faisant, subtilement, comprendre qu’ils ne devraient pas en vouloir aux bourreaux de leurs ancêtres, mais, plutôt leurs dire « merci ». Cela lui permet de prendre le contrepied, des mouvements afro-kamit, qui œuvrent à l’éveil des consciences, et pour les réparations, à l’image du MIR (Mouvement International pour les Réparations). D’ailleurs, cette technique de diversion n’est pas sans rappeler ce fameux débat qui avait été lancé, sur les effets positifs de la colonisation.
Le débat sur les effets positifs de la colonisation
Lors d’un débat organisé sur le sujet, par France 3, l’avocat Arno Klarsfeld, qui était invité, s’est exprimé, en disant ceci :
- « On ne peut pas nier qu’il y’a des effets positifs de la colonisation, puisque les routes, les bâtiments, et les nombreuses infrastructures construites, en sont la preuve ».
Ce à quoi, la grande écrivaine Maryse Condé, a répondu :
- « Oui, il y’a eu des infrastructures construites, mais, en aucun cas on ne peut parler d’effets positifs de la colonisation. Car les routes, et les bâtiments construits, l’ont été pour les colons installés, et non pour la population. D’ailleurs, ils les ont laissés après leur départ, parce qu’ils ne pouvaient pas faire autrement ».
Une chose est sûre, c’est que c’est toujours le vainqueur qui écrit l’histoire. Il n’y a, donc, rien d’étonnant à ce que François Fillon veuille effacer les crimes coloniaux des mémoires. Il est, alors, de notre devoir de nommer les choses, afin d’honorer nos ancêtres, et de ne pas avoir peur de dire, oui, la colonisation est un crime contre l’humanité.
Olivier Lowijinal’ Bique